Avant d’en arriver là, il faut bien sûr repérer le travailleur en burn-out. Manquer d’énergie pour accomplir son travail, avoir des problèmes de concentration, manquer de «disponibilité» au travail, y être facilement irritable, tout cela peut signer un épuisement émotionnel. C’est d’ailleurs ce qui explique que le burn-out soit plus fréquent chez les soignants. La HAS insiste à juste titre sur cette population chez qui fut initialement identifié le burn-out.
«Les professionnels de santé en activité ou en formation sont exposés au risque d’épuisement professionnel, étant donné la pénibilité de leur travail, que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) ou des causes extrinsèques (charge et organisation du travail, etc.).»
Difficile d’agir sur les causes intrinsèques, mais il est dommage que les pouvoirs publics n’aient toujours pas entrepris un programme d’action sur les causes extrinsèques. Il est vrai que les ministres de la Santé qui se succèdent avenue Duquesne ont une grille de lecture essentiellement budgétaire qui laisse peu de place à l’humain.
En préambule de sa fiche pratique, la HAS signale que ses recommandations «se limitent au volet clinique du thème: l’action sur le milieu et l’organisation du travail est exclue du champ de ces recommandations. Elle est néanmoins indispensable dans une démarche de prévention du burn-out».
Il y a quelques semaines, le «rapport de la mission d’information relative au syndrome d’épuisement professionnel (ou burn-out)» présenté par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale pointait parmi les causes de «la multiplication des cas d’épuisement professionnel»,l’inquiétante dégradation des conditions de travail: «La démarche de compression des coûts de production devient une course sans fin, et la compétitivité le maître mot de toutes les politiques économiques, aux dépens des éléments constitutifs du travail.»
Toutefois, une initiative favorable à la santé mentale des travailleurs pourrait venir du premier gouvernement d’Emmanuel Macron. Agnès Buzyn, la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé, était il y a quelques jours encore à la tête de la HAS et a supervisé la recommandation qui vient de sortir. Quant à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, elle cosignait en 2010 un rapport remis au premier ministre qui rappelait que «la santé des salariés ne s’externalise pas, c’est d’abord l’affaire des managers».
La menace du burn-out planerait au-dessus de la tête de plus de 3 millions de salariés dans notre pays, il est plus que temps de prendre le problème à bras-le-corps.